Quand j’ai découvert l’art contemporain j’y ai trouvé une sorte d’épanouissement, un lien très fort entre la technique et l’esprit. Le Fresnoy est une belle maison pour faire dialoguer différents pôles et différentes pratiques. J’avais envie de mener un projet d’envergure et pour cela Le Fresnoy est intéressant. Je travaille souvent avec des nouvelles technologies. Mon projet de cette année ne déroge pas à cette habitude. J’ai conçu une installation sous forme de grande cuve ajourée, en acier. A l’intérieur se retrouvent 5 000 litres d’eau, des éléments pré-biotiques nécessaires à l’apparition de la vie et différents plastiques. Un monde séparé du nôtre est ainsi visible, il évolue différemment et peut- être favorisera-t-il la naissance d’une vie différente de la nôtre. En tant qu’artiste je me vois comme un régisseur d’énergies qui choisit un référentiel, un cadre temporel, des conditions de température, de pression, de force et qui enclenche un processus pour faire naître une chose dans un rendu public. L’image qui est ici produite est celle d’un désert constitué de déchets plastiques réduits en poudre. Ce désert évolue en accéléré par le contrôle de la température, de la lumière et des mouvements de l’eau. Je donne à voir un présage de ce qui pourrait être dans un monde différent. J’espère arriver à quelque chose d’hypnotique pour le spectateur, et en même temps j’aimerais que ce paysage reste ancré dans sa mémoire pour qu’il puisse peut- être établir des liens à l’avenir avec d’autres paysages réels qu’il contemplera. C’est souvent le fond qui me donne l’énergie de construire la forme d’une œuvre, je crois beaucoup au travail d’atelier et aux allers-retours entre technique et pensée.