Je ne vois pas Le Fresnoy comme une école mais comme un lieu où l’on peut vraiment faire des choses. Il y a bien sûr de l’apprentissage, mais je trouve que la plus grande force de l’apprentissage que l’on reçoit ici se fait dans le travail direct avec la matière qui nous intéresse, avec les techniques utilisées pour arriver à cette matière, et l’on se rend compte que c’est à travers l’exploration de ces techniques que l’on fait de l’écriture cinématographique ou artistique. J’ai dû faire appel aux nouvelles technologies pour réaliser mon film. Je les ai d’abord perçues comme une contrainte, puis cette contrainte m’a poussée à faire quelque chose d’intéressant, et de juste par rapport aux propos que j’avais. J’ai ainsi pu concevoir cette année un film tourné au Brésil, qui parle de mes retrouvailles avec ce pays et avec ses paysages. C’est un film autour d’une sculpture virtuelle installée au milieu de la savane brésilienne, endroit qui entoure la ville de Brasilia. Le film est un parcours vers ce monument rêvé, imaginé ou fantasmé. Un voyage ébloui à mon pays natal. Mon projet a sans cesse évolué. J’ai chaque jour découvert quelque chose de surprenant, de nouveau et de mystérieux. Je pense qu’un projet ne cesse jamais d’évoluer, même longtemps après l’avoir fini on le retrouve autrement car il n’est plus à soi, il appartient au monde. L’art a la fonction de rendre visible l’invisible, de mettre la lumière où il y a trop d’ombre ou de mettre plus d’ombre là où il y a trop de lumière.